Avant d’en arriver à cette action, le projet global de stratégie mémorielle où figure la dépose du buste de Victor Schœlcher, situé dans la cour de l’ancien hôtel de ville, a été présenté au conseil municipal du jeudi 27 mai 2021. Après la prise de parole des différents groupes politiques de l’assemblée, il a été voté à l’unanimité des 39 élus du Conseil Municipal.

Voici la synthèse du projet présentée aux élus par Le Maire David Zobda lors du conseil municipal ce jeudi 27 mai et aussi à ceux qui étaient présents dans la cour de l’ancienne mairie ce samedi 29 mai 2021 :

« Mois de Mai, Mois des abolitions, mois des révolutions

Mois de mai, mois des mémoires, de la réflexion et de la construction collective.

Depuis maintenant près de deux ans, notre pays est secoué par une agitation, une contestation, et des actes qui marquent notre quotidien. Cette agitation questionne notre désir de faire peuple. Elle  lie à la fois quête identitaire et projet d’avenir, et la lecture ou l’acceptation de notre histoire, singulièrement de notre passé colonial et la blessure jamais refermée de la traite négrière et de l’esclavage

Des positions radicales s’expriment et se caractérisent quelques fois par des excès condamnables.

Mais nul ne peut nier le fait que ceux que l’on qualifie de RVN posent, à tort ou à raison, un acte majeur de défiance vis à vis de l’autorité et de l’ordre, et écrivent ainsi les termes d’un postulat politique et social inédit.

Le débat est ainsi posé.

La forme est discutable et leur appartient,

Le fond doit être débattu en toute lucidité et intelligence.

Cependant, force est de constater une absence évidente de représentativité martiniquaise dans notre espace public. Force est de constater au contraire, une présence massive de noms et de personnages qui ne reflètent qu’une partie de notre histoire, sans laisser place à la valorisation de modèles, d’hommes et de femmes remarquables issus de nos sociétés passées et actuelles

Il appartient donc à chacun, là où il se trouve et en fonction de ses responsabilités, d’agir et de changer ce qui peut l’être, ce qui ou doit l’être.

J’ai longuement discuté, plusieurs fois, avec un groupe de martiniquais engagé dans l’action et ma conviction est que le dialogue, sur les bases claires et intelligibles de non-violence et de rejet du racisme sous toutes ses formes, reste possible et nous offre l’opportunité, d’une nouvelle approche, d’actes forts et d’une réflexion quant à la reconstruction de notre espace Lamentinois.

Les bases de la concorde, donc d’une reconstruction identitaire ne pourrons émerger que si nous affichons le rejet des deux périls que je viens de citer : la violence et le racisme.

La violence n’a pas sa place dans le cheminement d’une construction sociale. Nous devons convaincre et non contraindre. C’est par leur incapacité à convaincre ou faute d’écoute, que certains font le choix de la contrainte donc de la violence. Nous croyons que c’est par l ‘échange et seulement dans l’échange prolongé, recommencé, vif et passionné s’il le faut, que l’on pourra entrevoir certaines idées et identifier des pistes que nous avons jusqu’alors ignorées.

Le racisme non plus n’a pas sa place car il a initié un vaste ensauvagement des relations humaines, ouvert les vannes à l’expression des instincts et des haines les plus primaires des dominateurs, souvent les plus obtus, les plus médiocres. Raison pour laquelle l’expression solennelle et massive de son rejet ne peut se faire sans réparation, c’est à dire, sans reconnaissance des faits et systèmes l’ayant activé, c’est à dire également, sans le parti-pris d’investir pour l’éclosion d’alternatives plus fécondes et plus résilientes.

Pour marquer solennellement sa volonté d’apporter un souffle nouveau à une construction identitaire partagée, le Conseil municipal décide d’impulser un investissement innovant de l’espace public.

Deux principes vont guider cette démarche :

– supprimer dans l’espace public lamentinois la sur-représentation des symboles de la domination,

– établir une visibilité plus marquée, une mise en lumière plus active des acteurs majeurs de la résistance.

Il s’agit d’une démarche déjà initiée sous les mandatures de Georges GRATIANT (fresque et monuments de Khokho René Corail, Place André Aliker, rue du 24 mars 61…) et de Pierre SAMOT (place Antonio Macéo, place du Neg Mawon et l’Arbre de la liberté, rue du franc jeu, rue Elysé, fresque du cimetière…).

Nous proposons donc de donner à ces initiatives une autre ampleur en les inscrivant dans une démarche politique volontaire, à travers les décisions que je vous invite à suivre :

– la dépose du buste de Victor Schœlcher placé dans la cour d’accueil de l’ancienne mairie,

– la mise en place d’une commission de réflexions et de propositions sur nos rues, places et monuments. Cette commission sera composée d’élus (5 + 2), de personnalités extérieures (5) et sera présidé par l’adjoint en charge de la culture,

– l’intégration dans le projet de reconstruction du Callebassier d’un espace dédié à la représentation de personnalités remarquables de la Caraïbe et des Amériques.

– la promotion et le soutien de projets visant à favoriser l’échange et le débat autour de notre histoire, en lien avec les chercheurs et professeurs de notre espace régional,

– la valorisation de notre patrimoine au travers d’actions d’animation et/ou d’inscription à l’inventaire international.

Au nom des générations à venir, au nom du devenir, nous nous devons de dialoguer et d’entreprendre. D’entreprendre et dialoguer dans le respect réciproque. »

A voir en vidéo sur la page Facebook Mairie du Lamentin Martinique en suivant le lien :

https://www.facebook.com/MairieDuLamentinMartinique/videos/99764595764710