Ancien Hôtel de Ville Œuvre de l’Architecte Louis CAILLÂT Labellisé “Architecture Contemporaine Remarquable”

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ancienne hotel de ville du lamentin martinique

I. HISTORIQUE

L’hôtel de ville du Lamentin est construit en 1934 par l’architecte Louis Caillat. La date et le nom de l’auteur sont inscrits à droite de l’entrée.

Une lettre adressée à A. Debuc, maire de la commune du Lamentin, le 17 janvier 1933 contient une proposition de l’architecte Pierre E. Roveda pour la construction d’une nouvelle mairie, en voici la description : « La construction devra être en ciment armé, matériau le mieux adapté pour se protéger des tremblements de terre, cyclones et incendies. L’édifice adoptera un style « Renaissance Moderne » avec une tour d’angle et deux ailes symétriques. Un hall central tout en hauteur se terminera par une coupole couverte en vitre. L’entrée principale qui sera entourée de galeries donnera accès à un vestibule ou sera placé l’escalier principal ».

Dans son courrier Roveda expose également un projet de lotissement baptisé « ville du soleil ».

La décision d’organiser un concours pour la construction d’un nouvel hôtel de ville sur l’emplacement de l’ancien est prise le 1er février. Le concours est lancé en mars 1933 par le maire A. Debuc (maire de 1912 à 1936). Le budget est de 750.000 Francs. Lors du concours cinq architectes se portent candidats parmi lesquels Pierre E. Roveda, Constant Eudaric, qui se qualifie d’« Ingénieur-Architecte » et Louis Caillat, « Architecte-Décorateur ». C’est finalement Louis Caillat qui est choisi. L’architecte Roveda se plaint d’avoir été évincé car il est étranger et sous prétexte que : « l’édifice serait trop beau pour la commune du Lamentin et jurerait avec les constructions avoisinantes. »

Pour ce bâtiment, Caillat s’est associé à l’ingénieur Dormoy et à l’entreprise de Selves. Le projet de Caillat reprend tous les principes énoncés par Roveda, sauf la coupole en verre qui sera réalisée à une date postérieure et un campanile ajouté en cours de construction. L’ossature métallique est réalisée par l’entreprise Dolez Frères à Aulnoye (Nord) et transportée par bateau à partir de Dunkerque. L’inauguration, le 27 janvier 1935, est commentée dans les journaux qui indiquent la présence du gouverneur Mattéo Alfassa. L’hôtel de ville comporte dès le départ une annexe utilisée par la police municipale qui contient également la conciergerie.

En juillet 1936, une « fresque » (il s’agit en fait d’un bas-relief) sculptée par Marcel Féguide est inaugurée à la mairie, elle est placée dans la cour, devant l’entrée principale. Une sculpture du buste de Victor Schoelcher-, signé «M T Julien Loni-Fou » est ajoutée en décembre 1947 (date et signature portées).

L’édifice est agrandi en deux phases, la première dans les années 70 avant la construction d’un bâtiment en rez-de-chaussée surélevé ultérieurement, la deuxième dans les années 80 par l’architecte Clément Bazabas. Ce dernier relie le bâtiment principal à la première extension.

Finalement, en 1998, l’hôtel de ville est remplacé par un nouvel édifice plus grand construit en contrebas. L’ancien hôtel de ville abrite actuellement divers services communaux tels que les services culturels.

II. DESCRIPTION

1. Situation et composition d’ensemble

L’édifice se situe dans le centre de la commune du Lamentin. Il partage avec le presbytère (au nord) un îlot délimité au nord par la rue Hardy-de-Saint-Omer, à l’ouest par la rue Victor-Schoelcher, au sud par la rue Capitaine des Marelles-Hardy et à l’est par la rue Maugée. L’édifice se compose d’un bâtiment principal à deux corps disposés en équerre et d’un bâtiment annexe de plan rectangulaire. Le bâtiment principal a subi deux extensions à l’arrière.

La parcelle est entourée de grilles et de piliers amortis par des sphères en ciment. Devant la façade principale, une cour carrée est traversée par une allée diagonale qui mène à l’entrée en passant par un monument à la gloire de Victor Schœlcher. Il s’agit d’un cône tronqué en béton orné d’un bas-relief représentant la libération des esclaves par Victor Schœlcher et surmonté d’un buste en bronze du libérateur.

2. Matériaux

Gros-œuvre : l’édifice est construit en béton armé. Couvertures : il est couvert de toitures terrasse en béton.

3. Structure

Le bâtiment principal est construit autour d’un axe de symétrie, il comprend une tour et deux corps à un étage.

Le bâtiment annexe est en rez-de-chaussée, il se caractérise par son plan symétrique, ses formes courbes aux entrées. Toutefois, une petite extension à l’arrière vient rompre la symétrie.

Les extensions comportent chacune un étage.

4. Distribution intérieure

Le rez-de-chaussée du bâtiment principal est légèrement surélevé, il est accessible par un escalier extérieur situé à la jonction des deux ailes. Les deux ailes s’articulent autour d’un vestibule. Le plafond de ce vestibule est percé sur sa partie centrale d’une ouverture circulaire. Selon une source orale, ce percement n’aurait été effectué qu’à une date postérieure à la construction (la date est inconnue).

Un escalier monumental conduit à l’étage, c’est un escalier tournant composé de deux volées : un départ central droit et une deuxième volée double en fer à cheval. Il est en granito et sa rampe en fer forgé. La première marche semble comporter une mystérieuse inscription : « ROMUL ». L’étage possède également un percement. Cette ouverture zénithale permet d’apercevoir le campanile à travers une verrière pyramidale.

D’après le plan de l’avant-projet de 1933 et des sources orales, à l’étage on trouvait dans l’aile droite la salle des mariages et le cabinet des adjoints, dans l’aile gauche la salle des délibérations et le cabinet du maire. Actuellement, les ailes se composent de bureaux accessibles grâce à des coursives qui donnent sur la cour antérieure. Le plafond des coursives est orné de « caissons ». Les sols sont en carrelage.

Les extensions comportent chacune une galerie au rez-de-chaussée.

5. Élévations

Les élévations sont travaillées de manière symétrique. L’élévation sur cour se caractérise par son ordonnancement de chaque côté d’une sorte de beffroi. Chaque aile présente trois travées, auxquelles correspondent des colonnes jumelées devant les coursives. Les élévations postérieures comportent des galeries.

Une restauration est intervenue en 2003 ajoutant à l’élévation antérieure des brise-soleil métalliques. Un petit toit a été également ajouté au campanile.

III. SYNTHÈSE

L’hôtel de ville du Lamentin est réalisé en 1934 par l’architecte Louis Caillat suite au concours organisé par la municipalité. Louis Caillat estime que c’est sa première « construction importante ». Pour ce concours, il s’est associé avec l’ingénieur Dormoy (dont il a fait la maison à Didier).

Pour la composition générale, il semble qu’il se soit largement inspiré d’un premier projet envisagé par l’architecte Pierre E. Roveda. Cet édifice relativement modeste tire parti au mieux d’un petit terrain d’assiette grâce à son plan en équerre. Il se compose de deux ailes couronnées à leur jonction d’un campanile particulièrement ouvragé dans la tradition de l’Art-déco. Un des éléments les plus remarquables est le très bel escalier monumental en granito et fer forgé aux motifs modernistes. Il faut également signaler la présence dans la cour d’œuvres d’artistes locaux : un bas-relief de Marcel Féguide, artiste peintre à Fort-de-France, sur lequel repose un bronze de M. T. Julien Lung-Fou, artiste martiniquaise, qui a réalisé également un buste de Schoelcher pour la préfecture et pour la commune de Schoelcher.

Des agrandissements postérieurs sont venus perturber la lecture du plan de masse de l’édifice et encombrer un peu plus l’étroite parcelle. En 1998, la municipalité fait finalement construire un nouvel hôtel de ville sur un emplacement différent. Une restauration intervient en 2003 ajoutant aux façades des brise-soleil métalliques et coiffant le clocheton d’un toit pyramidal hors contexte. Les couleurs initialement ocres du bâtiment (comme de nombreux édifices publics) ont été modifiées dans une palette vive. Toutefois, l’édifice garde sa vocation d’édifice municipal, il est bien entretenu et ne présente pas de dégradation.